À la découverte de Montpellier : la cathédrale

Montpellier est une ville médiévale et pourtant le Moyen Âge est parfois difficile à repérer dans son centre-ville. Des nombreux édifices religieux que comptait la ville à l’époque, un seul est encore debout : la cathédrale. Retracer son histoire, c’est retracer l’histoire de la ville.

Comme chacun le sait, Montpellier est une ville universitaire. Sa première université, celle de Médecine, est fondée en 1220 alors qu’un enseignement médical existe déjà depuis de nombreuses années dans la ville. Les étudiants logent chez des habitants auxquels ils louent une chambre et les universités ne bénéficient pas encore de locaux. Mais la ville bénéficie au XIVe siècle du soutien d’un pape qui y a lui-même étudié, Urbain V.

Installé en Avignon, il fait construire à Montpellier le collège-monastère Saint-Benoît-Saint-Germain destiné à accueillir des étudiants en droit et en théologie. Le bâtiment, aujourd’hui occupé par la faculté de médecine, est doté, comme tout monastère, d’une abbatiale terminée en 1373. L’église est de style gothique méridional et rappelle les constructions de la ville pontificale, Avignon, d’où le pape a envoyé ses architectes pour construire l’édifice.  Il ne s’agit alors pas une cathédrale, simplement l’église d’un monastère urbain. La cathédrale est, à l’époque, située à Maguelone qui était le siège du diocèse.

En 1536, Montpellier devient le siège de l’évêché au détriment de Maguelone. Il faut alors une cathédrale et l’église abbatiale du collège-monastère Saint-Benoît-Saint-Germain est choisie pour remplir cette fonction. Elle prend le même nom qu’à Maguelone : cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul. Le monastère devient l’évêché.

Le XVIe siècle est aussi la période des Guerres de Religion dont Montpellier est un théâtre important. La forte implantation protestante ne fut d’ailleurs pas étrangère à l’installation du siège de l’évêché dans la ville. La situation entre catholiques et protestants devient critique en 1561 et les protestants se réunissent pour demander aux autorités catholiques de quitter Montpellier. Ces derniers se réfugient avec leurs partisans dans la cathédrale, renommée “fort Saint-Pierre”. La cathédrale est pillée et les catholiques sont chassés. Par la suite, Montpellier alterne entre les mains des protestants et celles des catholiques, va-et-vient entrecoupé par des périodes de trèves, jusqu’à son siège par Louis XIII en 1622. 

Commence la période de Contre-Réforme pendant laquelle le pouvoir royal tente de rétablir la foi catholique dans les territoires pris aux protestants. La cathédrale est très endommagée et a même perdu une des deux tours de sa façade. La construction d’une nouvelle cathédrale est évoquée, des travaux sont engagés sur la place de la Canourgue mais ils n’aboutissent pas. Jusqu’à la Révolution, on préfère restaurer l’ancienne cathédrale que l’on dote d’un nouveau mobilier et de tableaux réalisés par les plus grands maîtres montpelliérains de l’époque.

Pendant la Révolution, la cathédrale est conservée mais elle perd son caractère religieux et devient, notamment, un temple de la Raison. Après la Révolution, Montpellier devient le siège d’un diocèse plus important, correspondant au département de l’Hérault. Des restaurations de grande ampleur sont entreprises au XIXe siècle. La tour Saint-Benoît, détruite pendant les guerres de religion, est reconstruite. Le chœur de l’église, déjà reconstruit au XVIIIe siècle, est détruit et considérablement agrandi. Le sculpteur Auguste Baussan réalise le portail qui donne encore aujourd’hui sur la rue. Lors des manifestations viticoles de 1907 qui réunissent entre 600 000 et 800 000 personnes à Montpellier, le cardinal de Cabrières, évêque de Montpellier, ouvre les portes de la cathédrale aux manifestants alors que l’Etat avait mobilisé l’armée pour mater la révolte. Son mausolée est situé dans une des chapelles latérales de la cathédrale.

Il ne s’est jamais construit de cathédrale à Montpellier. Pourtant, cette église abbatiale devenue cathédrale malgré elle est un édifice important de l’histoire montpelliéraine dont elle révèle des éléments majeurs, du développement des universités aux révoltes viticoles en passant par les Guerres de Religion et la Contre-Réforme. Elle continue encore de nos jours de se dévoiler avec la découverte et la restauration en 2019 d’une fresque peinte du XVIIe siècle au-dessus de la chapelle Deydé.

Auteur : Edgar Bruel

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