À la découverte de Montpellier : l’aqueduc Saint-Clément

L’approvisionnement en eau a toujours été un enjeu majeur pour les populations de Méditerranée ; et Montpellier n’échappe pas à cette règle. La ville médiévale est approvisionnée par des puits situés dans la ville, souvent chez des particuliers. Elle dispose aussi de plusieurs fontaines aux abords de la ville. En période de sécheresse, ce qui est fréquent dans la région, la ville se retrouve face à d’importantes difficultés. Au XIIIème siècle déjà, le roi Jacques Ier d’Aragon prévoit la construction d’un aqueduc pour alimenter Montpellier en eau. Le projet n’aboutit finalement pas et devient moins nécessaire suite à la baisse de la démographie à partir du XIVème siècle.

Mais la population augmente de nouveau au XVIIème et les consuls de la ville étudient la possibilité d’amener à Montpellier l’eau de la source du Lez à Saint-Clément (Saint- Clément-de-Rivière). Après avoir été repoussé, le projet est repris au début du XVIIIème siècle. Jean de Clapiès, ingénieur, astronome et membre fondateur de la Société royale des Sciences de Montpellier, est chargé d’étudier le projet. Il calcule le débit des sources et étudie un trajet d’aqueduc. Le projet est encore une fois abandonné mais les sécheresses de la première moitié du XVIIIème siècle rendent plus urgente sa réalisation dans une ville dont la population a continué d’augmenter.

En 1751, l’intendant de la province de Languedoc (sorte de préfet
régional) demande à Henri Pitot, alors directeur du Canal Royal du

Languedoc* et des travaux publics de la Sénéchaussée de Nîmes- Beaucaire, de se charger du projet. Pitot établit le tracé de l’aqueduc qui doit arriver au Peyrou, point le plus haut de la ville ce qui permet une plus facile redistribution. C’est aussi la seule place dégagée sur laquelle on peut aménager un réservoir. Le tracé proposé par Pitot est plus long que celui de son prédécesseur Jean de Clapiès mais moins coûteux car il ne comprend qu’un seul passage souterrain (contre deux dans le projet de Clapiès).

Sur le tracé, trois ouvrages importants sont réalisés. Le premier pour traverser la Lironde, le second pour traverser le Verdanson. Le troisième, le plus célèbre, traverse les bas-fonds de la Mercy pour rejoindre le Peyrou. C’est un pont à deux rangées d’arcades long de 800 mètres et haut de 25 mètres en moyenne. Pitot le fait aligner dans l’axe de la porte royale du Peyrou et de la statue équestre de Louis XIV. Beaucoup de visiteurs se méprennent sur l’origine de cet ouvrage, y voyant un aqueduc romain tant la ressemblance avec le Pont du Gard est proche. Or Montpellier a été fondée en 985, bien longtemps après la chute de l’empire romain. Mais il se trouve que Pitot a, dans les années 1740, dirigé la construction du pont routier accolé au pont du Gard. Il est donc familier de l’ouvrage antique dont il reproduit en partie les traits dans l’aqueduc montpelliérain. Le 7 décembre 1765, devant les yeux du public s’étant déplacé pour l’occasion, l’eau coule pour la première fois dans le bassin du Peyrou. Ce bassin, ainsi que l’ensemble de la promenade du Peyrou seront par la suite modifiés. Ce programme de reconstruction comprend aussi les trois dernières arches de l’aqueduc, situées sur les parties basses du Peyrou, et le château d’eau. Les eaux de l’aqueduc alimentent progressivement plusieurs fontaines du centre-ville de Montpellier. Les deux rues qui bordent le Peyrou dans sa longueur portent aujourd’hui les noms de Pitot (au Nord) et Clapiès (au Sud), du nom de deux contributeurs importants de l’aqueduc. Le pont qui termine ce dernier a par ailleurs donné son nom au quartier des Arceaux.

Par Edgar Bruel

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